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356 LA PÉRIODE LOCALE (1830-1865)

D’après le processus de l’évolution dont nous venons d’indiquer les grandes lignes, on peut grouper sous la dénomination d’<( humoristes socio-politiques » tous les humoristes plus ou moins professionnels qui exercèrent leur malice de 1830 à 1865 et un peu après cette date, et dont le plus insigne est un écrivain qui fut plus qu’un humoriste, Mark Twain. Bien qu’assez nombreuse, cette classe ne demande qu’un traitement sommaire. Parallèlement à ceux-là, des humoristes plus académiques, usant de la prose et du vers, donnèrent libre cours à leur verve plaisante. Mais avant de passer à l’étude détaillée de l’élite, nous indiquerons succinctement le rôle joué par l’humour dans la littérature américaine antérieure à 1830 ; ce qui nous permettra de signaler quels sont, aux yeux de ceux qui préconisent l’existence d’un humour essentiellement américain, ses caractères les plus distinctifs.

Nous avons vu que les écrits des Puritains furent en général tout l’opposé de l’humour. Néanmoins, le poème anonyme « New England’s Annoyauces » offre des traces de cet humour farouche qui aida sans doute les premiers colons à se consoler mutuellement de la perte de leur bien-être matériel en échange de leur tranquillité spirituelle. Nathaniel Ward protesta de son intention d’être pris au sérieux dans son fantasque Simple Cobhler, et il existe dans les élucubrations descriptives d’écrivains comme John Josselyn, crédule voyageur anglais qui fit deux voyages en Nouvelle-Angleterre et en publia les relations (1672 et 1674), des indications qui permettent d’affirmer que cette façon d’à en conter » aux étrangers, de leur narrer des histoires invraisemblables, est de fort ancienne origine. Avec les progrès de la prédominance laïque au xviii^ siècle, les traces d’humour se font plus