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ten, à George Eliot et à George Sand pour se convaincre qu’elle ne fut pas un auteur éminent. Son art manque de sûreté ; son intelligence n’est pas suffisamment puissante et profonde, son talent n’a pas toute la souplesse et la richesse désirables. Ces défauts de l’auteur sont sensibles dans son chef-d’œuvre même ; mais Uncle Tom’s Cabin est animé d’un souffle généreux et irrésistible, et le livre qui conserve ce souffle au bout de cinquante ans est un beau livre. Le critique ne peut mieux faire que d’imiter George Sand quand elle analysa l’ouvrage à son apparition — ne pas parler de ses défauts et affirmer ses qualités indiscutables de sincérité et d’émotion.


Ces qualités se rencontrent en abondance chez Theodore Winthrop (1828-1861), dans sa vie surtout et à un degré moindre dans ses œuvres à moitié oubliées. Il appartenait à l’historique famille des Winthrop et naquit à New Haven, Connecticut. Étant allié par sa mère aux Dwight et aux Woolsey, il alla tout naturellement étudier à Yale où il prit ses grades en 1848. Une bourse supplémentaire lui permit d’y rester un an de plus. Il passa en Europe, pour affermir sa santé, les deux années qui suivirent. Après avoir été quelque temps répétiteur, il obtint un emploi à la Pacific Steamship Line et fut détaché à Panama. En 1853, il visita la Californie et l’Oregon et revint à travers le Far-West jusqu’à New York. Il fut ensuite inspecteur dans l’isthme de Panama, après quoi il se mit à étudier le droit, et, en 1855, fut admis au barreau de New York. La littérature l’attirait plus, cependant, que les codes ou la politique, et il travailla avec confiance à des romans et à des esquisses, mais, à cause sans doute de leur caractère peu conventionnel, aucun éditeur ne s’en montra curieux. Au début