Page:Trent - Litterature americaine.djvu/350

Cette page n’a pas encore été corrigée

342 LA PEIUODE LOCALE (1830-1865)

dans le public, et à préparer le lecteur à se passer du roman de convention.

Ce mouvement vers le réalisme fut une conséquence du changement universel dans le goût littéraire, mais on aurait constaté une modification identique même si l’Amérique s’était trouvée complètement isolée. La fiction banale, émotionnelle, aurait presque nécessairement du se transformer pour répondre aux besoins du public américain. L humour, comme nous le verrons, se transformait également pour revêtir une forme assez voisine du réalisme pittoresque qui dépeint les types et les caractères provinciaux. Le sentiment de la vie de famille, cher aux romanciers américains comme à leurs lecteurs, n’avait pas, il est vrai, manqué dans les vieux romans, mais maintenant les ouvrages populaires d’ « Ik Marvel » [Dream Life et les autres) et Prue and 1 de George William Curtis, allaient les présenter sous une forme plus délicate et plus attrayante. Ainsi, quand, vers 1860, un écrivain comme Bayard Taylor veut écrire des romans, il fait instinctivement la satire des mœurs provinciales, retrace ses propres vicissitudes dans le New York littéraire, ou bien dépeint avec maints détails ses voisins de Chester County. De même le Dr. Holmes, dans Elsie Venner, compense ce qu’il y avait de bizarre dans son sujet par une peinture de la vie rurale qui se rapproche plus de l’œuvre d’un réaliste moderne que de celle de romanciers tels que Longfellow.

Si donc la période que nous envisageons ne peut, h part les romans d’IIawthorne, se réclamer que d’un seul grand ouvrage romanesque, Uncle Tonis Cabin, du moins a-t-elle de l’importance au point de vue de l’évolution littéraire. Elle est surtout mémorable parce qu’elle nous fait assister a l’éclosion des meilleures œuvres de