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POÈTES ET ROMANCIERS 331

s’était donnée, et ses poèmes les plus honnis, qui n’ont certes jamais causé le moindre dommage à personne, ils aidèrent au contraire à secouer le joug de l’antique pruderie.

La troisième édition valut a Wliitman un petit nombre de fidèles, mais la guerre survint, ses éditeurs firent faillite, et le recueil des Leaves lut de nouveau épuisé. Le poète cessa d’écrire. La part que prit Whitman à la guerre est le plus beau trait de son existence et fournit une preuve évidente que l’amour de l’humanité, si fondamental dans sa poésie, l’était aussi dans son caractère. 11 ne s’engagea pas dans le rang, mais quand son frère fut blessé, en décembre 1862, il se fit ambulancier, prodiguant ses soins tantôt dans les hôpitaux de Washington, tantôt sur les champs de bataille ou dans les camps. Les descriptions de ce qu’il vit et fit, telles qu’on les trouve dans Spécimen Days et dans un volume de lettres posthumes à sa mère, intitulé The Wound-Dresset ne sont pas seulement un témoignage durable de son humanité et de sa puissance remarquable d’activité physique, mais encore des documents pleins de vie, presque uniques.

Par suite du surmenage auquel il se soumettait, sa merveilleuse constitution s’altéra pendant l’été de 1864. Remis de sa maladie, il reprit ses fonctions d’infirmier et finalement on lui donna un emploi à l’Administration de l’Intérieur. Peu de temps après, ces fonctions lui furent retirées, à ce que raconte l’histoire, parce que le ministre, Mr. James ilarlan, découvrit, après les heures de bureau, un exemplaire des Leaves of’Grass, alors épuisé, dans un tiroir du pupitre de hitman, et qu’ayant lu précisément les poèmes les plus risqués, il jugea que leur auteur n’était pas digne de remplii- un