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30’t LA PKRIODE LOCALE (1830-1865)

ait de plus grands écrivains politiques, il fut l’un des plus sagaces et des plus stimulants. Nous n’avons pas le loisir de rechercher si, en tant qu’essaviste, la combinaison qu’il représente d’humour capricieux et vif, de brillant esprit, de vaste érudition, de subtile observation et d’un ;imour universel de la nature et de la créature, est un exemple unique qui l’emporte sur l’urbanité, l’humour délicat, la paisible sympathie et le pathétique tendre d’Irving. Il est presque certain, toutefois, que les qualités qui font le charme des essais littéraires moins techniques de Lowell, comme « My Garden Acquaintance », ont une apparence plus personnelle et moins démodée que celles qui réjouirent les lecteurs d’Irving trois générations auparavant. Ces qualités attirent certainement de notre temps un plus grand nombre de lecteurs ; mais en sera-t-il de même dans l’avenir, voilà ce qu’il y a lieu de se demander. Beaucoup d’admirateurs de Lowell, cependant, ont coutume de parler de lui comme d’un grand prosateur et d’un grand critique ; ils forcent ainsi h faire la comparaison avec Matthew Arnold, sans parler des autres écrivains éminents de l’Angleterre. Il est difficile de dire jusqu’à quel point la comparaison est en faveur de I^owcll.

Les ouvrages en prose de Lowell peuvent avoir l’originalité du style, l’ordre et la qualité d’imagination, qui permettent à un écrivain de passer à la postérité, mais ses amis doivent s’attendre à rencontrer sur leur route de péreniptoires dénégations. Ses essais offrent trop d’efFets de clinquant, ils renferment souvent des éléments poétiques qu’il eût été plus avantageux d’utiliser en vers, et ils sont par trop fréquemment interminables, pour ne pas dire traînants. D’un autre côté, ils sont tellement imprégnés dune saveur et d’un charme indéfinissables,