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22 LA PtltlODE COLONIALE (1607-1764)

cependant la littérature doit aussi comporter du mouvement et de Taction, on ne saurait livrer le soldat écrivain aux féroces érudits qui l’accusent de toutes sortes de crimes et d’infamies pour cette raison qu’ils ne retrouvent pas dans la True Relation la moindre mention de la délivrance du Capitaine grâce à l’intervention de la reine Pocahontas, incident raconté avec force détails dans la General History. Il est indéniable que les livres de cet aventurier sont informes, gauches et inartistiques, mais le souffle de vie qui les anime rachète leurs imperfections.

Il existe beaucoup d’autres ouvrages du même genre sur lesquels nous n’aurons guère à nous étendre. Ainsi sera-t-il suffisant de mentionner les Good News froni Virginia du Rév. Alexander Whitaker, qui se recommande à notre sympathie par le zèle désintéressé avec lequel il travailla à relever le niveau moral des Indiens, et par sa fin tragique. Moins sympathique certes nous apparaît le facétieux John Pory, ex-membre du Parlement anglais, que ses narrations nous révèlent comme une sorte de grandiloquent Tartarin qui n’aurait pas sur les charmes de la vie coloniale les illusions de ce comique personnage.

Après les luttes des premières années, la Virginie obtint une constitution relativement indépendante (1619) et entra dans une période plus florissante. Ni son nouvel état de colonie de la couronne, ni son droit d’importer des esclaves nègres, ni l’appoint des malandrins de tout genre qui vinrent de la mère-patrie grossir sa population, ne put retarder son développement quand il devint certain que ses plantations de tabac devaient fournir d’opulents revenus. La production littéraire subit ensuite un ralentissement très marqué ; aucun ouvrage impor-