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276 LA PERIODE LOCALE (1830-1865)

ne fut jamais de tout premier ordre, cela tient surtout à ce que ni l’un ni l’autre ne fut un grand génie. Tous deux firent ce qu’ils purent et leurs œuvres furent en somme excellentes dans leur genre.

Le 17 décembre, anniversaire de la naissance de Longfellow, vit aussi naître un poète bien plus viril, qui se partagea avec lui l’affection du peuple des Etats libres — John Greenleaf Whittier (1807-92). L’enfance de ces deux hommes diffère tout autant que leur caractère. Whittier naquit h East Haverhill, Massachusetts, dans une maison qu’avaient habitée ses ancêtres quakers, sans avoir pu réussir, comme ceux de Longfellow, à acquérir la fortune. Son père était un petit fermier à qui ses embarras pécuniaires ne permirent de donner à ses enfants qu’une mince instruction et peu de livres à lire. Cependant le premier entourage de Whittier, plus tard si fidèlement dépeint dans Snow-Boundy lui forma le caractère ; et on pourrait douter que le courage intrépide, la noble simplicité, la constante piété, la calme clairvovance qui caractérisèrent le poète de la liberté, eussent été aussi développés en lui, si ses débuts avaient été moins durs. Et après tout, il n’y a rien d’exceptionnel dans les principaux traits de sa carrière. Il n’est qu’un de ces nombreux Américains qui, après avoir, jeunes gens, lu leur Bible et respiré l’air de la liberté, se sont attachés, devenus hommes, à rendre le monde plus habitable pour leurs concitoyens.

Les journaux des premiers Quakers et les poèmes de Burns, après la Bible, développèrent chez Whittier une juvénile inclination à la poésie ; ces influences, accrues plus tard de celles de Shakespeare et de Walter Scott, se sentent dans tous ses écrits. Sa sœur envoya