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258 LA PÉIUODE LOCALE (1830-1865)

de Poe ont plus de raisons de le faire que ne l’admettent la plupart des Américains. Le rôle d’assigner à chaque auteur son rang est en réalité bien délicat — si délicat que beaucoup inclinent, à tort mais non sans motifs, à le considérer comme du temps perdu, et même comme quelque peu impertinent. Peut-être faut-il admettre que, par sa prééminence sur le continent européen, son influence sur la littérature moderne, sa perfection dans son double rôle d’artiste, et le développement rapide de sa renommée, Poe est l’écrivain américain qui parle le mieux au monde civilisé d’aujourd’hui et qui a le plus de chance de conserver, sinon d’étendre, son influence sur la postérité. Si cela revient à dire qu’il fut le plus grand auteur américain, il n’en ressort pas nécessairement qu’il soit l’auteur favori des Américains. Il faut distinguer la dévotion qui procède du cœur et l’admiration qui nait de l’esprit. L’une doit aller à Hawthornc et h Emerson ; l’aulre revient h Poe.

Les nouvelles de Hawthorne et de Poe, tout en étant pour les lecteurs de nos jours les seules œuvres de fiction significatives produites pendant les vingt années antérieures h 1850, n’épuisent nullement la liste des ouvrages de cette nature dont doit tenir compte l’historien de la littérature américaine. A côté des vieux romanciers, Paulding, Mrs. Child, et d’autres qui ont été mentionnés en même temps que Cooper, il y eut une douzaine au moins de jeunes écrivains qui appartinrent plus ou moins à l’école du maître et eurent assez de talent pour se faire leur place. Ce ne furent pas de grands écrivains. Un seul d’entre eux, Herman Melville, a eu l’honneur d’être sérieusement estimé par la génération actuelle. Quatre seulement de ces demi-célébrités,