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I.l’.S no.MANCIEnS 255

A ce point tle {e paiticullor, la puissance (renipi-isc de son art est véiilahlonient niervcillcnsc. Il n’a ;i son actil aucun roman ni aucune nouvelle d’importance soutenue ; il n’a créé aucun grand caractère ; il ne connaît pas le cieur humain comme Waltcr Scott et HaAvthorne, et ce n’est pas aux sentiments ordinaires qu’il s’adresse ; il est relativement peu humoriste ; il n’a pas même, si ce n’est dans ses meilleurs contes romantiques, un style de prose excellent ; mais il possède une originalité, une méthode, une autorité telles que l’on oublie presque ses défauts. Aucun romancier ne l’a surpassé dans l’art de présenter une situation tragique — témoin « The Cask of Amontillado » : ou d’analyser un caraclcre perverti

— témoin « William Wilson » : ou de rendre l’impossible vraisemblable — témoin la a Desccnt into the Maelstrom » : on d’éclaircir un mystère — témoin « ’l'hc Purloined Letler » ; ou de répandre un charme effrayant et ravissant — témoin « Liffea » et « Eleonora ». A ce point de vue, il semblerait oiseux de parler d’étroitesse à propos du génie de Poe. Il en est peu qui songent à nier son originalité ou au moins sa maîtrise dans tout ce à quoi il s’essaya ; et personne, probablement, ne refusera d’admettre son influence sur la littérature romanesque moderne, qu’on approuve ou non cette influence.

Que les décadents de nos jours aient été influencés par l’œuvre de Poe, mais plus spécialement, peut-être, par ses théories d’art, cela chose facile à comprendre. Il ne vise pas ii traiter des sujets de haute portée morale. Il ne se préoccupe pas de laire la critique profonde de la vie, et de nous rendre meilleurs ou plus sages. Mais il nous fait voir et sentir la beauté, le mvstère, l’effroi, d’une façon poignante. Il y a place pour un art comme le sien dans tous les temps et dans tous les