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LES ROMANCIERS 253

l’exclut des rangs îles graiuls poètes. 11 est possible de trouver « le (Corbeau » trop lacticc pour être considéré comme un poème du plus haut mérite ; mais, d’autre part, on ne peut nier (juil n’ait atteint une popularité sans bornes, qui l’a rendu vraiment classique. Poe excelle dans un lyrisme mélodieux et saisissant avec lequel il exprime le regret des amours perdues et le mensonge de la beauté toujours enfuie. Quel que soit le degré poétique de son génie, dans son genre propre il lut un artiste plus parfait qu’aucun autre Américain dans n’importe quel genre. Aucun poète de langue anglaise n’a su user comme lui de la répétition poétique et du parallélisme ingénieux. Nul n’a retrouvé son harmonie intéo ;ralement, ni ne l’a dépassée. Les thèmes sont peu nombreux, mais ils sont profondément émouvants pour beaucoup de lecteurs. Poe les a développés avec science, avec sûreté, avec une imagination étrange et prenante. Son influence sur la poésie de notre temps, pour la mélodie et la couleur, fut extrêmement féconde. Elle se manilesta également, avec moins de fruit peut-être, sur le iond même de la poésie moderne et sur les théories artistiques de ses partisans.

En d’autres termes, tout ce que fit Poe, il le fit presque à la perfection et avec le maximum d’eiTet. 11 ne lut pas certainement tout à fait original — l’influence de Shelley, de Coleridge et de Mrs. Browning, entre autres, se découvre dans son œuvre — mais il fut nettement original par comparaison avec ses contemporains, Emerson mis à part. Quelques années plus tard, Whitman put déployer une originalité plus sensible et plus réellement nationale, mais il ne fut pas artiste au même degré que Poe, et son influence sur les autres écrivains lut loin d’être aussi caractérisée, du moins eu matière de