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18 LA PERIODE COLONIALE (1607-1764)

mal les éloges enthousiastes qu’on lui a parfois décernés.

Après de telles élégies, c’est un soulagement de se tourner vers la simplicité des poésies du grand-père maternel de Franklin, Peter Folger, dont le Looking-Glass for the Times fut publié en 1677. Ce poète est rOrm et son œuvre est VOrmulum de l’Amérique ’. On a découvert dans VOrmulum une effusion poétique à propos d’un agneau, mais aucun élan inspiré n’éblouira les lecteurs du prolixe Folger. Toutefois il faut se montrer indulgent à l’égard d’un champion aussi résolu de la liberté de conscience ; le petit-fils, qui s’est montré généreux, nous a dit que le poème de son ancêtre était écrit « avec une mâle franchise et une agréable simplicité », et, à condition d’enlever à l’épithète d’ « agréable » toute idée de charme, nous admettrons ce jugement émis par un personnage absolument dénué de sens poétique.

Nous arrivons au premier barde né en Amérique, le « savant maître d’école, médecin et poète renommé de la Nouvelle-Angleterre », ainsi qu’il est désigné sur sa pierre tombale : Benjamin Tompson né h Braintree, Massachusetts, en 1642, mort à Roxbury en 1714. « Mortuus sed Immortalis » comme le déclare encore son épitaphe. Cette immortalité dépend bien plus de sa primauté de naissance que de la constante popularité de sa New England’s Crisis, récit épique de la guerre du roi Philippe, qui échappa longtemps aux recherches des érudits modernes. Il est dilficile de trouver dans ce poème un passage qui vaille d’être cité ; l’auteur se lamente sur le croissant débordement des mœurs du temps et l’abandon des simples et solides vertus de

1. h’ Ormulurn est une paraphrase versifiée des Evangiles et des Actes des Apôtres, composée au xil° siècle par un moine augustin, Orm, ouOrmin, et imprimée à Oxford en 1852, d’après le manusci’it de la Bodléienne.