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246 LA PERIODE LOCALE (1830-1865)

membres du jury se trouvait le romancier John P. Kennedy, qui aida Poe de diverses manières, et le recommanda à Mr. Thomas W. White, le directeur du Southern Literary Messeiiger, nouvellement créé. Poe assuma en réalité toute la charge de ce périodique en 1834, et demeura à Richmond jusqu’en janvier 1837. Entre temps, il rendit fameux le magazine en y insérant quelques-uns de ses meilleurs contes et en v analysant sans ménagements, et de façon souvent fantaisiste, les œuvres des contemporains ; ces critiques, d’une compétence et d’une franchise indiscutables, furent des plus bienfaisantes à une époque où régnait la complaisance la plus ridiculement provinciale. Mais celui qui savait juger les travaux de son prochain était incapable de contrôler ses propres penchants ; le sévère censeur littéraire était pour sa propre conduite un censeur assez relâché. Il épousa sa frêle jeune cousine, Virginie Clemm, et il continua h boire de temps h autre, malgré les remontrances affectueuses de son directeur. Il devint impossible pour White de le garder, quelque précieux qu’il lui fût ; et Poe chercha un emploi h New York, laissant le magazine suffisamment lancé pour qu’il put continuer, pendant plus de vingt-cinq ans, à être l’organe des peu féconds écrivains du Sud.

A New York, la petite famille resta h la charge de Mrs. Clemm, qui prit des pensionnaires. Poe semble avoir rempli avec grâce le triste rôle de l’homme de lettres sans emploi ; il paraît avoir été moins intempérant, sinon entièrement affranchi de son vice. Il ne put cependant conserver aucune situation durable et, après avoir publié en volume sa plus longue histoire, Tlie Narrative of Arthur Gordon Pym, il partit pour Philadelphie, alors centre important de périodiques. Il y resta, avec sa femme et sa