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230 LA PERIODE LOCALE (1830-18G5)

que pour éphémères, et les recueils aniluels à la mode accueillaient toutes les œuvres de lonoueur movenne, alors que les éditeurs, qui pouvaient traduire ou démarquer à leur aise les romans anglais, étaient portés à voir d’un mauvais œil les longs manuscrits américains. Le succès des contes publiés dans le BlackwoocVs ne fut pas non plus sans influence ; aux auteurs hésitant sur leur genre et se défiant de leurs aptitudes à rivaliser avec Walter Scott et Cooper, la nouvelle offrait une forme convenable et sûre. Hawthorne et Poe furent sans doute attirés vers elle à cause de ses ressources artistiques et par le penchant naturel de leur propre talent ; mais les avantages que nous venons de rappeler ne furent pas non plus sans influence sur leur choix.

Dans l’étude de ces nouveaux auteurs, il est naturel de commencer par Natuaniel Hawthorne (1804-64) ; les dates extrêmes de sa vie renferment tout entière celle de Poe. Celui que l’on considère comme le plus grand interprète de la vie et de l’esprit de la Nouvelle-Angleterre était par ses ancêtres admirablement qualifié pour cette tache. William Hawthorne avait traversé l’océan avec Winthrop sur V « Arabella », et s’était fixé h Salem. Son fils hérita de son austère puritanisme et fut un magistrat impitoyable. Des fermiers et des capitaines au long cours constituèrent les traditions de la famille, sinon sa fortune, jusqu’en 1804, année où naquit, le 4 juillet, le fils qui devait l’illustrer. Son père mourut quatre ans plus tard dans le Surinam, laissant, outre son fils et homonyme, deux filles et une veuve qui passa dans la retraite la plus absolue tout le restant de sa longue existence. En dépit de la nature réservée dont il avait hérité, sinon même d’une certaine morbidité, et de l’influence peu favorable exercée par