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1,K rHANSCENDANTAI.ISME. SKS I M liUPRETES 223

ne peut niei- ([uc hlen des passages des œuvres de Thoreau portent rem[)reinte d’Kinorsoii. Mais rclui-là était beaucoup plus réaliste, plus dogmatique et plus dispuleur que son hôte ; tout aussi original dans ses théories, il s’écartait de lui par la nature de ses relations avec le monde. Aucun de ceux ([ui ont lu avec soin les lettres que Thoreau écrivit à cette époque ne peuvent le prendre pour un Emersonien à outrance. En 1843, il occupa pendant quelques mois un poste de précepteur dans la famille de William Emerson, à Staten Island, et la proximité de New York ne fit qu’accroître son dégoût des grandes villes. A la même époque, il sentait d’infructueux efforts pour augmenter ses ressources, ou plutôt pour satisfaire ses appétits d’auteur, en publiant des articles et chroniques dans les périodiques à destinée incertaine qu’on multipliait alors.

En 1844, on le retrouve fabricant des crayons dans la maison paternelle. L’année suivante, un peu sur l’avis du jeune William Ellery Channing, compagnon favori de ses excursions, il bâtit sa fameuse cabane de Walden Pond, où il vécut, à part quelques absences, pendant près de deux ans et demi. Il y paracheva son délicieux ouvrage Wee/i on tlie Concnrd and Merrimac Hivers (1840), et cet autre plus fameux qui commémore sa retraite : Walden, or Life in the Woods (1854). Il est préférable, h notre époque de socialisme, de considérer Thoreau, non pas comme un texte pour homélies, mais comme un génie un peu spécial pour lequel la race dont il a si remarquablement détaillé les laiblesses et les défauts ne peut avoir que de la reconnaissance. Partout où nous le rencontrons, canotant sur les eaux de la Concord, taillant les haies d’Emerson, ou correspondant avec Horace Greeleyà propos de la publication de ses articles