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222 LA PÉRIODE LOCALE (1830-1865)

le mélancre de libéralisme et d’étroitesse de son caractère. Il ap}3artenait à une famille simple et d’une humble condition. Après des études préparatoires aux écoles de Concord, il prit ses diplômes à Harvard en 1837 et fit de bonne heure ses débuts de maître de conférences au « Lvceum » de Concord. Un amour inné des livres, de la nature et de la liberté, et une méfiance tout aussi innée, quoique sans doute favorisée par les circonstances de la société organisée et conventionnelle, le poussèrent à rechercher, pour assurer sa subsistance, le genre d’occupations le plus simple et le moins assujettissant ; il s’adonna a l’industrie familiale, la fabrication des crayons, et, selon l’occasion, pratiqua le métier d’arpenteur, de géomètre, ou tels autres similaires. On a prétendu, sans motifs bien sérieux, que la nécessité de travailler pour vivre lui était odieuse. Mais il désirait simplement gagner sa vie et en même temps mener l’existence de son choix, et il réalisa l’un et l’autre désir. De très bonne heure il commença à tenir un journal méthodique, dans lequel il transcrivait ses idées, ses pensées et les notes qu’il avait prises au cours de ses promenades et de ses excursions. Sur la fin de sa vie relativement courte, il avait amassé trente volumes de ces fragments de journal, dont il avait tiré de quoi faire ses cours et les quelques essais et ouvrages qu’il publia. C’est de ce journal aussi que l’on a extrait depuis une importante partie de l’édition autorisée de ses œuvres. Peu après sa sortie d’Harvard, il attira l’attention d’Emerson, et les deux hommes se lièrent si bien, qu’en 1841 Thoreau devint le commensal de son aîné, à Concord. Il y resta deux ans, se livrant au jardinage et à des besognes manuelles d’ordre pratique. De nombreux points communs rapprochaient les deux écrivains et on