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LES VEUSIFICATEURS DU XVIl" SIECLE 15

que de poésie, de « vraie fille de Du Bartas », nous conduisent à examiner la seule figure qui, dans les origines de notre poésie, offre un intérêt appréciable.

Anne Bradstreet, née en Angleterre en 1612, était la fille de Thomas Dudley, plus tard gouverneur du Massachusets. Très versée dans les études classiques et familière avec les principaux écrivains de son temps, Anne Bradstreet subit surtout l’influence de l’école « fantastique » de Quarles et de Sylvester et, par ce dernier, de Du Bartas. A seize ans, elle épousa Simon Bradstreet, type de puritain éclairé qui, par l’éducation qu’il avait reçue à Cambridge, était le mari tout désigné d’une femme si bien douée. Deux ans plus tard, en 1630, le ménacre émiçfra en Nouvelle-Ansfleterre et s’établit fina-

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lement près d’Andover en 1644. Tout en écrivant un grand nombre de poésies, Mrs. Bradstreet était devenue mère d’une nombreuse famille, et son mari avait acquis cette réputation de modération et de bon sens qui devait faire de lui le gouverneur de la colonie. En 1650, les poèmes d’Anne Bradstreet furent publiés à Londres sous un titre dont la première phrase prouve suffisamment dans quelle haute estime la tenaient ses contemporains : The Tenth Muse, lalehj spj-ung np i ?i America. Il est juste d’ajouter que 1’ « aimable auteur » n’était en rien responsable de cette tentative de glorification du génie féminin, et cependant elle avait de son sexe une excellente opinion, comme le prouvent clairement ses vers « En l’honneur de la reine Elisabeth ». Au cours d’un séjour qu’il fit à Londres, son beau-frère, le Rév. John Woodbridge, soucieux de la gloire de la Nouvelle-Angleterre, avait cru faire plaisir à sa belle-sœur en publiant, avec un certain nombre de ces poèmes lauda-