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14 LA PÉRIODE COLONIALE (1607-1764)

Nouvelle-Angleterre des vers commémoratifs. L’un des premiers qui s’adonnèrent à ce genre d’élucubration fut un ecclésiastique, John Cotton. Le poème panégyrique qu’il consacra à la mémoire de son collègue de Hartford, Samuel Stone, peut être cité comme un spécimen du tribut que la Nouvelle-Angleterre apporta à l’ensemble de cette poésie « fantastique n, dont les meilleurs exemples se rencontrent dans l’œuvre du poète anglais John Donne. Les ecclésiastiques qui se permirent ces concessions à l’art méprisé du calembour et du jeu de mots se montrèrent cependant capables de rivaliser avec leurs frères britanniques, particulièrement dans un genre plus inférieur encore, celui de l’anagramme. L’allusion de Cotton Mather à l’habileté du Rév. John Wilson dans ce dernier sfenre

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est digne d’être citée :

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His care to guide liis flocks and feed his lambs

By words, works, prayers, psalms, altns, and anagrams’.

La gradation est suggestive ; mais il ne faut pas la pousser trop loin.

11 y a lieu de noter, dans cet ordre d’idées, que beaucoup de poèmes de cette époque se sont trouvés conservés dans des ouvrages en prose, dont nous parlerons dans les chapitres suivants. Sur les passages assez fréquents où les auteurs de ces ouvrages insèrent des vers de leur propre fabrication, la critique fera bien de garder le silence. Pour cette raison les divagations poétiques de Nathaniel Ward, dans son Simple Cobbler of Ai^awam, ne méritent aucune attention, mais les vers qu’il écrivit en tète de The Tenth Muse de Mrs. Bradstrcet et dans lesquels il la qualifie, avec plus de vérité

1. •< La sollicitude qu’il apporta à guider ses troupeaux, et à nourrir ses agneaux avec des paroles, des œuvres, des prières, des psaumes, des aumônes et des anagrammes. »