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208 LA PERIODE LOCALE (1830-1865)

Cambridgeport. Son père, Timothy Fuller, homme de loi et congressiste démocrate, semble avoir possédé une âme de Romain, ce qui en fit un fort mauvais éducateur pour sa fille dont l’esprit était, par nature, romantique. II la poussa vers les études, le latin surtout, au détriment de sa santé, et avec les meilleures intentions il rendit son enfant malheureuse, comme elle le relata plus tard dans un chapitre d’une autobiographie restée inachevée. Plusieurs années d’école ne purent triompher des dispositions morbides qui s’étaient développées en elle ; elles ne modifièrent pas non plus de façon appréciable ses tendances à l’excentricité et sa sensibilité exagérées. Un physique plus engageant l’eût sans doute disposée à accorder moins de temps h l’étude du grec et de l’allemand, et en aurait fait un moins formidable personnage aux yeux de ses relations de l’autre sexe ; mais c’était la mort et non l’amour qui devait rendre la limpidité à son âme trouble.

La mort de son père, en 1835, transforma ce phénomène et fit de la déconcertante jeune personne une femme de talent. Elle se consacra dès lors l sa mère, à SCS frères et à ses sœurs et, dans l’excès de son dévouement, compromit sa santé. Elle renonça à ses projets longtemps caressés de voyages en Europe et, après une courte période de préparation qu’elle consacra à des lectures et à des méditations devant la nature, elle commença à enseigner dans la fameuse école d’Alcott. Mais cette malheureuse entreprise commençait à péricliter et Miss Fuller en fut bientôt réduite à accepter à Providence une situation qu’elle semble avoir remplie avec satisfaction, quoique avec trop d’esprit personnel — sa correspondance de cette période en est une preuve.

Renonçant à l’enseignement comme profession régu-