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12 LA PÉIUODE COLONIALE (1607-176i)

cère » et déclare qu’il écrit en vers « simplement pour satisfaire sa propre fantaisie ». Peut-être espérait-il tirer assez d’argent de son poème pour payer le prix d’une seconde traversée ; mais rien n’indique que Rich soit retourné en Virginie pour y cultiver à la fois sa muse et ses plantations de tabac ; il n’est donc pas sûr que la littérature américaine puisse légitimement réclamer son nom. D’ailleurs il est loin d’éveiller autant de revendications que George Sandys qui, de 1621 à 1625, suivant en cela le conseil de Drayton, travailla à achever la traduction des Métamorphoses qu’il avait entreprise avant de quitter l’Angleterre. 11 devait se passer bien des années avant qu’on écrivît en Amérique, soit en Virginie, soit dans les colonies du Nord, une poésie aussi élégante et aussi expressive.

Sans être aussi imparfaits que la ballade de Rich, les premiers essais prosodiques des Pèlerins et des Puritains étaient peut-être moins honorables pour leurs auteurs, personnages plus ou moins doctes et non pas seulement soldats de fortune. Les méditations historiques versifiées du gouverneur delà colonie de Plymouth, William Bradford ; la description de la Nouvelle-Angleterre en hexamètres latins, par le Rév. William Morell {Noi’a Anglia, iG’2.’)), que leur auteur traduisit en distiques anglais ; les étranges poèmes descriptifs de William Wood, topographe émérite qui enjoliva son New EngiancCs Prospect (1634) d’une nomenclature des arbres, des poissons et des animaux indigènes qu’aurait pu envier Walt Whitman ; les anonymes New EnglancVs Annoyaiices, tout cela, réellement dénué de mérite poétique, peut s’énumérer sans regret. Mais c’est dans le fameux Bay Psalm Book que nous trouverons un intéressant exemple d’excessive imperfection. Cette curiosité littéraire, le pre-