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LES VERSIFICATEUHS DU XVll" SIECLE 11

valent, malgré la longueur de leurs sermons, d’abondants loisirs pour courtiser la lugubre muse, et ils n’étaient pas h court de sujets.

A l’époque correspondante en Angleterre, le puritanisme produisait des hommes comme Milton, Baxter et Bunyan, mais il existait aussi une infinité d’autres poètes sans valeur, et c’est à ces derniers (ju’on peut comparer leurs contemporains de la Nouvelle-Angleterre.

Dans la Virginie, la production poétique n’est pas meilleure. Les « Cavaliers » d’Angleterre se targuent de noms tels que ceux de Carew et de Suckling, poètes de cour bien plus qu’interprètes de leur classe sociale ; mais la cour des gouverneurs de Jamestown n’était qu’une pâle copie de celle des Stuarts.

Le canon de Dunbar et deWorcester n’eut qu’un bien faible écho sur les rives du James et du Potomac, et la « Rébellion » de Bacon, bien qu’elle ait inspiré un bon poème, n’était pas suffisamment héroïque pour convertir la Virginie en un « nid d’oiseaux gazouilleurs ». Maintenant que nous avons passé en revue quelques-unes des raisons pour lesquelles l’Amérique ne compte aucun grand poète dans sa littérature du xyii*^ siècle, nous allons examiner l’œuvre de quelques-uns de ses versificateurs.

Il est fort naturel que les colons de Virginie aient consacré leur talent îi dépeindre leur condition et à encourager d’autres aventuriers à braver les périls de l’Océan. La plupart ont écrit en prose et nous y reviendrons plus loin ; mais l’une au moins de ces relations fut rédigée en vers par Richard Rich qui entreprit, pendant l’été de 1609, le voyage de Virginie, retourna en 1610 en Angleterre et voulut par la suite revoir encore le Nouveau-Monde. Il se dénomme, dans la préface de ses Newes froin Viii^inia (1610), « un soldat brutal et sin-