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tenir à table — en un mot il oublie continuellement que le principal rôle du romancier est de plaire et non d’instruire. Et, le pire de tout, non seulement il est didactique, mais encore il est souvent absurde.

Sans être les deux seuls représentants de la littérature d’imagination à leur époque, Cooper et Irving sont les seuls qui méritent une étude approfondie. Quelques auteurs de nouvelles, qui furent aussi des poètes, seront traités d’autre part ; nous observons seulement ici que l’excellence du Spy de Cooper ne peut être mieux mise en relief qu’en le rapprochant de l’ouvrage de Samuel Woodworth, Champions of Freedoni (1810), récit de la guerre de 1812. Woodworth (1785-1842) n’est connu aujourd’hui que par son Old Oakhen Bucket, poème dépourvu de qualités poétiques mais possédant une rare saveur de terroir. Il fut l’auteur de quelques opéras et de nombreuses compositions poétiques, sentimentales, pieuses et faiblement pittoresques. Après des débuts comme apprenti chez un éditeur, il fut journaliste à New York, où il réussit à fonder une revue hebdomadaire autrefois fameuse, The Mirror (1823), qu’il laissa bientôt h son collègue George P. Morris (1802-64), autre poète populaire, connu pour sa ballade Woodmans Spare ihat Tree. Mais les petits succès de ces infimes Knickerbokers nous touchent moins que la lumière versée par les Champions of Freedom de Woodworth sur l’état de la littérature en Amérique à la suite de la seconde guerre avec la Grande-Bretagne. Quinze années s’étaient écoulées depuis le dernier des romans de Brockden Brown, et Miss Austen, Miss Edgeworth et l’ « auteur de Waverley » étaient prêts à servir de modèles à tout Américain persistant à chercher son inspiration à l’étranger. Mais Woodworth préféra modeler son his-