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164 LA PÉRIODE DE FORMATION (1789-1829)

d’aventures palpitantes, il mériterait déjà de grands éloges, mais il est beaucoup plus que cela. Il est animé de la poésie de la forêt, que personnifie particulièrement le grand chasseur Ilawkeye en qui les plus nobles qualités de race sont « soudées entre elles par une piété naturelle». Le renom de Cooper était alors au plus haut, et il put se permettre un long voyage en Europe. De juin 1826 à novembre 1833, il alla de pays en pays, accueilli partout avec respect, et récoltant des observations variées dont il ne tira pas toujours le meilleur parti. Trop essentiellement démocrate pour produire partout une impression favorable, il avait aussi trop d’esprit pour ne pas s’apercevoir que, sous bien des rapports, l’Amérique venait fort loin derrière l’Europe. Dans sa simplicité et sa droiture, il crut que ses succès d’écrivain lui faisaient un devoir de chapitrer les deux mondes sur leurs fautes. Une telle illusion était alors plus dangereuse que jamais, car l’Europe craignait un peu l’Amérique et ne la comprenait nullement, alors que celle-ci était affligée d’une susceptibilité provinciale des plus vives. Il est inutile de décrire les Notions of the Americans, Picked up by a Travelling Bachelor (1828) autrement que pour en dire qu’étant l’œuvre de Cooper, elles contiennent beaucoup de bonnes choses. Mais leur présentation en une série de lettres écrites par un étranger imaginaire est un procédé suranné, sans effet, et la matière en est sujette h maintes critiques. Du reste, ce livre fut peu prisé en Amérique. Sa Letter to Lafayette diminua sa popularité parmi ses concitoyens. Ses fréquents sarcasmes à l’adresse de l’Angleterre lui firent des ennemis dans ce pays, et, tout en se défendant valeureusement, comme dans la Letter to hia Coitntrymen, contre Hazlitt, il souffrit beaucoup de ces déboires.