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160 LA PÉRIODE DE FOnMATION (1789-1829)

un grand caractère au domaine de la fiction — un caractère qui flattait étrangement le goût du public pour le pathétique et les contrastes romanesques. Les C/iouans ne contiennent aucun caractère d’un attrait aussi général. Cooper, d’ailleurs, — la chose est assez bizarre — ne comprit pas l’importance de l’histoire qu’il écrivait ; il laissa la première partie inachevée pendant des mois avant de se décider à composer la seconde, tant il doutait du succès d’un roman national chez ses concitoyens, les colons.

On peut dire que parmi les lecteurs de The Sn7j il en est peu qui aient jamais soupçonné les hésitations qui présidèrent à la composition de l’ouvrage. Cela est peut-être dû à ce que Cooper, non seulement avait eu la main heureuse dans le choix de son personnage, mais avait trouvé sa vraie spécialité — le récit d’aventures. Tandis que Cooper remporte son premier succès comme disciple de Walter Scott, il se rattache au romancier anglais plutôt par la conduite de son action que par la peinture et la reconstitution du passé. Le roman d’action n’appartient exclusivement à aucune époque ni à aucun pays ; il pouvait se dérouler en Amérique. Cooper n’avait d’autres obligations à Walter Scott que celles d’un génie créateur envers un autre génie créateur, et cette justice une fois rendue, il était apte à interpréter la forêt, la prairie et l’Océan de façon à prendre rang parmi les grands écrivains originaux du monde entier.

La publication de T/ie Spy à la fin de 1821 ne lui valut pas cependant une telle réputation. Mais en mars de l’année suivante, on dut publier une troisième édition, en même temps que Harvey Birch était applaudi au théâtre. Avant que l’année se lût écoulée, l’Angleterre avait reçu favorablement l’ouvrage, à la grande joie