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8 LA l’JilUODE COLOXIALl- (l6U7-17Gi)

celle de Rome. Celte dernière, respectable dame, peut être la femme eu rouge, ou la bètc à dix cornes, si vous voulez ; mais à elle sont dévolus tous les héritages ; à elle, ce vaste domaine spirituel de la tradition, qui est nulle part et cependant partout, et dont les revenus ne sont pas moins fructueux pour être prélevés sur l’imagination. »

Les imaginations de bien des gens, qui ne jugeraient pas inconvenant de gratifier TEglise de Rome d’une épithète encore plus discourtoise et malséante que celle de « respectable dame », suffiraient à produire les revenus dont parle Lowell ; mais le monde est incapable de s’intéresser aux guerres des Pequot et du roi Philippe (1637 et 1675), aux luttes soutenues contre les Français et leurs sauvages alliés, h la création de villes et de colonies, à la fondation du collège d’Harvard (1636), ou même à la persécution des sorcières de Salem. La sévère aristocratie des hommes d’église et des magistrats, la franche démocratie des fermiers dévots, des marchands économes, des hardis pêcheurs et des marins aventureux, a un intérêt pour les Américains modernes ; et une fois au moins a-t-elle fourni ii un véritable artiste de lettres les matériaux d’une belle œuvre. Pourtant il faut se rappeler (|ue l’auteur de Tlie Scarlel Leiler n’est pas encore un éciivain d une notoriété universelle. Et quoi que Hawthornc ait pu faire pour eux au point de vue littéraire, ( ;es puritains des premiers temps de la Nouvelle-Angleterre n’ont fait que peu ou rien pour eux-mêmes ; pourtant, au contraire des colons du Sud, ils avaient prolité, grâce aux villes assez nombreuses de leur contrée, des avantages de la solidarité sociale. Dénués d’impulsions artistiques bien profondes, c’est vers la religion (|ue tendaient leurs instincts