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148 LA PÉRIODE DE FOUMATION (1789-1829)

finissante. Ce n’est pas par une simple coïncidence que Washington Irving, James Fenimore Cooper et William Cullen Bryant, ces fondateurs de la littérature nationale, se sont trouvés les contemporains de ces hommes d’Etat, plus jeunes et plus ambitieux. Il est certain que, pas plus en littérature et en politique que dans la religion et les mœurs, la scission avec le passé n’a été aussi nette que semblent l’impliquer les termes même les plus soigneusement choisis des historiens. John Randolph, par exemple, tint bon contre Clav en plus d’une circonstance, et des écrivains du xviii* siècle comme Noah Webster et Caray continuèrent à instruire leurs concitoyens longtemps après qu’Irving eût commencé à les charmer. La prétentieuse Columbiad de Joël Barlow ne précéda que de deux ans la plus modeste histoire de « Mr. Knickerbocker » ; mais, si l’ancien état de choses survivait, il perdait peu à peu du terrain. Aussi bien la victoire de la politique nouvelle survint avant celle de la littérature. La nomination d’Andrew^ Jackson à la Présidence, en 1829, qui précéda de peu le bill de réforme, signala surtout un grand progrès de la démocratie. Les auteurs américains, tels qu’Irving et Bryant, n’ont pas accusé le même progrès sur leurs prédécesseurs du xvin’^ siècle, ni si complètement représenté une nouvelle nationalité ; cependant, ils ont été de l’avant d’une façon très marquée et avec une dignité que Jackson et ses successeurs démocrates eussent pu imiter avec avantage.

Le lecteur des jolies lettres d’Irving comprendra tout de suite pourquoi, bien qu’il se soit toujours montré vrai patriote et qu’il ait marché de pair avec sa génération, il tendrait à paraître moins autochtone qu’Andrevs^ Jackson et, pour bien des gens, quelque chose de très comparable à un Goldsmith américain.