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142 LA PÉRIODE DE FORMATION (1780-1829)

c’est lii une preuve de la médiocrité du niveau littéraire d’alors ; mais il faut avouer que le style de Dennie était suffisant dans son genre et qu’il traita avec assez de facilité des sujets dignes de l’attention de ses concitoyens. Il les mit en garde contre le charlatanisme, leur reprocha leur paresse et leur intempérance, se lamenta sur la décadence du collège d’Harvard et soutint le conservatisme britannique contre le radicalisme français ; mais des difficultés surgirent, et Dennie, après avoir essayé de prendre part au Congrès, dut se contenter de retourner h Philadelphie comme secrétaire particulier de Timothy Pickering, secrétaire d’État, fédéraliste à outrance et partisan de tout ce qui venait de l’Angleterre. Bientôt, cependant, le journaliste et le moraliste reprirent leurs droits, et, le 3 janvier 1801, sous le pseudonyme d’Oliver Oldschool Esq., il reparut comme directeur d’une grande feuille hebdomadaire de huit pages intitulée The Portfolio. Le programme publié par cet Addison américain, comme ses admirateurs se plaisent ii le nommer, est un curieux document, au style guindé, surchargé de consciencieux renvois, rempli de citations poétiques, plein de respect pour la métropole et d’admiration pour des écrivains tels que Christopher Smart et Soame Jenyns. Pour que la Jeune Amérique pût rivaliser avec les productions de ces célébrités, Dennie appela à son aide les « maîtres-esprits de la nation ». Ce qu’il obtint fut loin d’être magistral. Il publia ainsi anonymement les impressions que John Quincy Adams avait notées au cours d’un voyage en Silésie. Quant aux autres collaborateurs, il faut convenir que l’examen des premiers volumes du Portfolio ne donne pas la curiosité de connaître les noms véritables des personnages, hommes et femmes, qui signèrent de noms romains. Dennie lui-même pour-