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G LA PERIODE COLONIALE (1607-1764)

ginie, créant de vastes plantations, en bons termes ou en lutte avec les Indiens qui leur avaient fait connaître le tabac dont les feuilles devaient être pendant longtemps leur principale ressource. On peut s’attendre h ce que, dans un pareil milieu, ces nouveaux habitants aient développé la rudesse de leur caractère, aristocratique pourtant, qu’ils aient conservé leur intrépidité, leur goût de l’hospitalité généreuse, qu’ils aient exigé le droit de tenir des assemblées délibérantes et qu’ils n’aient cessé de se quereller avec leurs gouverneurs et leurs voisins du Maryland. Si l’on remarque qu’ils n’avaient pas de capitale populeuse qui leur fournit le contact des esprits — indispensable pour un commerce intellectuel — , que les exigences de la vie matérielle accaparaient leur énergie, que leurs instincts rudimentaires pour le plaisir étaient amplement satisfaits par la chasse au gros gibier et par d’autres sports ruraux, que, pardessus tout, ils ne ressentaient pas d’impulsion artistique profonde, qu’ils n’avaient guère hérité de traditions et d’aspirations littéraires, on ne saurait s’étonner que le savoir et la littérature les aient peu préoccupés et que le moindre de leurs griefs contre leur tyrannique mais intéressant gouverneur, Sir William Berkeley, ait été les mesures qu’il prit contre l’enseignement et contre les imprimeurs. De tels hommes furent capables de se soulever, sous la conduite de Nathaniel Bacon, pour la défense de leurs droits (1676), mais la page d’histoire qu’ils écrivirent alors devait manquer forcément de perspective. Tandis qu’ils chassaient leurs gouverneurs, qu’ils repoussaient les Indiens et qu’ils plantaient le tabac, la guerre de Trente Ans dévastait l’Allemagne. Richelieu faisait de la France la première puissance de l’Europe ;Mazarin et Louis XIV continuaient son œuvre ;