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128 LA PERIODE DE FORMATION (1789-1829)

nouveau siècle, alors que Jefferson fut élu Président et inaugura ce que les historiens ont consacré sous le nom d’une « révolution » en faveur du gouvernement démocratique, le peuple américain, pris dans son ensemble, formait encore à peu près la même nation de fermiers primitifs, lents et conservateurs, qu’il était avant d’avoir tiré, à la bataille de Concord, le coup de canon qui retentit de par le monde.

Il s’en remettait encore à l’Ang-leterre du soin de lui dire comment il devait se vêtir et ce qu’il devait lire ; il restait colonial dans ses opinions, son ignorance et sa sensibilité.

Jefferson, par son acquisition de la Louisiane, ouvrit de larges horizons à l’imagination de ses concitovens en les gratifiant d’un domaine où leur activité pouvait se déployer. Les inventions d’Eli Whitney et de Robert Fulton et la rupture des relations commerciales avec l’Europe — conséquence de l’Embargo et de la Guerre de 1812 — déterminèrent la création de nombreuses manufactures et poussèrent la population à la recherche d’une fortune rapide, alors que Franklin ne lui avait conseillé que l’économie. Il s’ensuivit des spéculations et de téméraires extravagances, et, avec les années, la honte de l’esclavage s’appesantit plus lourdement sur la jeune République. Mais la générosité de la nature est inépuisable, et l’énergie pas plus que le vif optimisme de la population, surtout après les fortes immigrations d’étrangers, ne furent ébranlés d’une façon sensible.

L’évolution que nous venons d’esquisser est naturellement d’ordre politique, industriel et social ; mais la littérature, les beaux-arts et la science pure y eurent également leur part, et le développement de chacune de ces branches est digne d’étude. Dans le domaine des lettres,