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POETES ET AUTEURS DE MELANGES 125

pour l’Angleterre, afin d’y poursuivre son œuvre parmi ses frères ; il fit le voyage comme passager d’entrepont pour éviter les dépenses excessives d’une traversée à bord du somptueux navire. Etant h York où il assistait à une réunion, il attrapa la petite vérole — ce fléau des voyageurs américains du xvin^ siècle eu Angleterre, surtout des candidats à l’ordination dans l’Eglise anglicane. 11 mourut laissant derrière lui une réputation de piété et de bonté incomparables.

Les écrits de Woolman révèlent sa vie et son caractère avec une rare fidélité ; c’est le meilleur éloge qu’on en puisse faire : ils devraient prendre rang parmi les classiques, mais il n’en est rien et le conseil de Charles Larab : « Apprenez par cœur les œuvres de John Woolman », pas plus que la poétique déclaration de Whittier — que l’on croit respirer h la lecture de Woolman, « un parfum comme de violettes », n’assureront jamais à leur favori ni popularité ni rang bien élevé. 11 eût d’ailleurs été le dernier à réclamer l’un ou l’autre, et son Journal est d’autant plus cher à ses admirateurs qu’il n’est pas des livres que chacun lit.

Les Lelters of an American Farmer de J. Hector St-John DE Crevecœur, passent pour offrir un plus grand nombre de pages délectables qu’aucun autre ouvrage écrit en Amérique durant le xviii^ siècle, sauf YAutobiograpliy de Franklin. Crevecœur naquit en Normandie, d’une famille noble, en 1731 ; il reçut une partie de son instruction en Angleterre, puis passa en Amérique en 1754 ; il se maria, dirigea une ferme et peut-être vint rejoindre les « Amis » en Pennsylvanie. Il fut emprisonné pendant la Révolution, ayant été pris pour un espion. Puis il fit un voyage en Europe,