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124 LA PERIODE REVOLUTIONNAIRE (1765-1788)

à Saint-Quentin, fils de huguenots aristocrates qui ayant fui leur pays natal, rejoignirent à Londres la Société des Amis et dans la suite émigrèrent à Philadelphie. C’est dans cette dernière ville qu’Anthony se distingua comme instituteur et comme philanthrope, se consacrant à la propagande de l’émancipation et distribuant gratuitement ses nombreuses brochures. Sa réputation fut éclipsée par celle de Johx Woolman (1720-72), qui eut la bonne fortune d’être vanté par Charles Lamb et Whittier, admirateurs de son Journal (1775). Né près de Burlington, New Jersey, il travailla d’abord dans une ferme, puis à vingt et un ans devint commis chez un marchand. Au lieu de rechercher la fortune et une haute position sociale, Woolmann se borna à des acquisitions toutes spirituelles, dans lesquelles, d’ailleurs, il fut tout aussi heureux à sa manière qu’aucun de ses voisins plus matériellement ambitieux. Il ouvrit bientôt une école pour les enfants pauvres, puis commença à « prendre la parole dans des réunions » ; après quoi il vovagea à travers les colonies, visitant les divers milieux quakers. Afin de gagner sa vie sans trop contrarier ses goûts nomades, il se fit tailleur. C’est probablement le seul tailleur qui se soit jamais montré hostile h l’usage des vêtements faits d’étoflTes teintes. Cet usage lui paraissait un luxe opposé à la vraie sagesse. Aussitôt après une visite aux Carolines, en 1746, il s’occupe activement de la question de l’esclavage ; non seulement il n’approuve pas l’habitude qu’ont certains Quakers de léguer leurs esclaves à leurs héritiers, mais il se prononce nettement contre cet usage déplorable, surtout dans les deux parties de son ouvrage Some Considérations on the Keeping of Negrocs (1753-62).

Woolman continua longtemps à errer partout où le poussa son inspiration ; enfin, en 1772, il s’embarqua