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4 LA PÉRIODE COLONIALE (1607-1764)

encore que rinclifférence, interdit à la littérature américaine de s’occuper avec quelque insistance, soit de lui, soit de ces aventuriers de la première heure, tels que George Percy, William Strachey et George Sandys. Quand il s’agit de littérature américaine, on ne saurait certes nier qu’il ne soit avantageux de se réclamer d’un Percy « originaire du Northumberland » ; ni (j^ue la description que fit Strachey d’un ouragan fameux puisse bien avoir influencé Shakespeare quand il écrivit La Tempête. Il est particulièrement agréable aussi de constater que George Sandys a réussi h mener à bien, sur les bords de la rivière James, sa traduction des Métamorphoses d’Ovide. On ne saurait non moins se réjouir de ce que le poète ait conservé dans son exil de si hautes préoccupations et que son amical conseiller, Michaël Drayton, n’ait marqué aucune mésestime pour la Virginie ; cependant ce sont des emprunts à la littérature britannique : l’historien indépendant ne leur accordera qu’une attention passagère et s’attachera surtout, sinon exclusivement, aux auteurs et aux ouvrages qui sont les produits particuliers du terroir.

Il est toujours plus facile de parler d’indépendance que d’y atteindre en fait. Nous pouvons écarter sans grande perte les Anglais du xvii^ siècle qui vinrent en aventuriers sur le sol américain mais retournèrent tôt ou tard mourir dans la mère-patrie. Nous ne pouvons pas aussi aisément écarter ces immigrants moins matériels que sont les influences — mœurs, coutumes, traditions, croyances, — et qui, débarquant avec les premiers colons, firent de l’Amérique ce qu’elle continue à être : une extension, un prolongement de l’Europe. Certains Européens pourront être enclins à désavouer leur progéniture ; certains Américains, à oublier leur