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106 LA PÉIÎIODE lîÉVOLUTIONNAir.E (1765-1788)

Paine eut le génie d’un polémiste et d’un homme de parti, mais il fut loin d’avoir les qualités d’un philosophe ou d’un critique.

Ce n’est pas ici I3 lieu de discuter la vie de Thomas Jefferson (1743-1826), qui eut la bonne fortune de rédiger cette Déclaration d’Indépendance que Paine était arrivé à faire accepter par plus d’un colon récalcitrant. Au point de vue du simple savoir, Jefferson eut peut-être des supérieurs parmi ses concitoyens, bien qu’il possédât des clartés à peu près de tout. Au point de vue du style, Franklin l’a certainement surpassé. Au point de vue de la noblesse de caractère, Washington le laisse loin derrière lui. Mais par sa vivacité d’esprit et par cette sympathie d’imagination qui permet de comprendre les pensées et les aspirations de toute une nation et par suite de les diriger, Jefferson fut unique h son époque et semble être unique encore aujourd’hui. Presque tous les grands hommes d’Etat de la Révolution ont laissé de volumineuses œuvres littéraires ; toutefois l’amateur de pure littérature pourra certainement les négliger. Il pourra, par exemple, traiter de cette façon cavalière les longues séries des lettres de Jefferson, qui continuent à s’étendre bien après la période que nous considérons ; mais il y perdra l’attrait d’un des caractères les plus habiles à se tirer d’affaire qui aient jamais existé. Jefferson eut beaucoup d’ennemis et on chercha bien souvent à diminuer son importance, mais il reste le personnage le plus merveilleusement complexe de l’histoire de l’Amérique — un homme entièrement sympathique à sa génération, quoique par l’esprit bien loin d’elle ; et même, en certains points, bien loin de la nôtre.

En Jefferson, l’écrivain pàtit de ce fait que, à l’en-