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LES PUEMIERS COLONS

l’égard des colons du Massachusetts, quoiqu’ils fussent d’aussi bonne extraction que les Virginiens et parfois entiches d’orguoll de famille et de caste tout autant que le « Cavalier » de la tradition. Bref, on peut dire que la Virginie est une réplique du Comté anglais avec ses caractéristiques « Cavalier », et le Massachusetts une réplique, ou plutôt un agrandissement du « borough » anglais, avec ses caractéristiques puritaines ; et nous pouvons ici prendre ces deux colonies comme types des autres plantations du Sud et de la Nouvelle-Angleterre. Il s’ensuit que, pour étudier leur littérature, il faut sans cesse se reporter à l’Angleterre du xvii* siècle

— l’Angleterre des Herrick, des Cleveland et des Lovelace, en même temps que des Milton, des Bunyan et des Baxter.

Ce n’est pas là chose difficile quand, ouvrant n’importe quel ouvrage traitant de la littérature américaine, on se trouve face à face avec le nom — sinon le portrait

— de cette relique de la chevalerie errante, le capitaine John Smith ! Ce vaillant héros ne peut manquer de ramener notre pensée sur l’Angleterre jacobite, par cette simple raison qu’il n’a jamais cessé d’être anglais malgré toutes ses escapades, réelles ou fictives, en pays étrangers. Quelle que soit la part qu’il ait prise h l’établissement de la première colonie anglaise durable sur le sol américain (Jamestown, 1607), il ne renonça jamais à ses origines et il reste h tous points de vue un écrivain anglais bien plus qu’américain. Mais les historiens ont une double raison de le réclamer pour la littérature américaine : d’abord la pénurie d’écrivains et de livres lisibles produits par la colonie ; et ensuite l’indifférence relative des érudits britanniques envers ses compilations bizarres, informes, mais intéressantes. La logique, plus