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96 LA PÉniODE r.ÉVOLUTIOXNAIlîE (1765-1788)

accompagné son avènement au trône, et l’abandon forcé de l’empire colonial de la France en Amérique, furent les principales causes de la lutte entre des colonies sans cohésion réelle et la mère-patrie. Toutefois, en dehors de ces causes il en existait d’autres plus profondes. Les colons s’étaient accrus en nombre et en richesse, et, côte à côte avec leur loyalisme, un sentiment d’indépendance nationale avait pris naissance. Dans les démêlés irritants qu’ils n’avaient cessé d’avoir avec les représentants du roi, et dans leurs efforts pour maintenir les privilèges de la charte, ils avaient apprécié la valeur de leurs droits légaux et ils avaient aiguisé leur aptitude à les défendre. Leurs territoires sans limites et la liberté de la vie primitive ([u’ils menaient n’avaient fait qu’accroître l’esprit d’indépendance naturel a tout Anglo-Saxon ; ils s’étaient aperçus depuis longtemps que seuls ceux qui étaient nés dans la colonie pouvaient juger des conditions d’existence et des besoins du pays et y remplir convenablement les hautes fonctions civiles et militaires. Bref, seule une modification très nette de l’état de dépendance des colonies aurait pu, après 1763, date de la Paix de Paris, conserver plus longtemps à la Grande-Bretagne sa prépondérance sur le Nouveau-Monde. Quand cette même année, George Grenville mit en vigueur ses désastreuses lois et voulut imposer les colonies pour l’entretien d’une force armée permanente dans ces mêmes colonies, la séparation devint inévitable. Des deux côtés, les malentendus furent seuls responsables du grand schisme qui devait mener à l’indépendance, mais les malentendus du fait de la Grande-Bretagne furent de beaucoup les plus coupables, puisqu’ils reposaient sur une ignorance presque absolue du caractère et des ressources des coloniaux.