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de partie. Le jour suivant deux nouveaux bras commencérent à sortir ; & quelques jours après il en vint encore trois. Cette seconde partie en eut alors huit, qui furent tous en peu de tems aussi longs que ceux de la premiére partie, c’est à dire, que ceux qu’avoit le Polype avant qu’il fût coupé.

Je ne trouvai plus alors de différence entre cette seconde moitié, & un Polype qui n’avoit jamais été coupé. C’est ce que j’avois remarqué, à l’égard de la premiére, dès le lendemain de l’opération. Toutes deux paroissoient sensiblement, lorsque je les observois à la loupe avec toute l’attention dont j’étois capable, elles paroissoient, dis-je, sensiblement être chacune un Polype complet, & elles en faisoient toutes les fonctions qui m’étoient connues : Elles s’étendoient, se contractoient, & marchoient.

Mon Expérience eut donc beaucoup plus de succès que je n’en attendois. Mais, suivant l’intention de cette Expérience, j’aurois dû conclure positivement, que les Polypes étoient des Plantes, & des Plantes qui venoient de bouture. Cependant je fus fort éloigné d’oser le décider. Plus j’avois observé des Polypes entiers, & même ces deux parties dans lesquelles s’étoit faite la reproduction dont je viens de parler, plus leur mouvement avoit réveillé dans mon esprit l’idée d’un Animal. Ce mouvement paroit soit résulter d’une spontanéité, qui a toûjours été censée étrangère aux Plantes, & que nous connoissons dans les Animaux par une infinité d’exemples. Tout ce que j’avois fait pour me tirer du doute, n’avoit servi qu’a m’y jetter davantage, Je resolus donc de