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un Lézard qui a perdu sa queuë, & qui n’en meurt pas. Au contraire, la seconde moitié, dans la supposition que le Polype étoit un Animal, ne me sembloit être qu’une espéce de queuë, qui ne contenoit pas les viscéres dont l’Animal a besoin pour vivre. Je ne pensois pas qu’elle pût vivre longtems séparée du reste du corps. Qui se seroit figuré qu’il lui fût revenu une tête ! J’observois donc cette seconde moitié, pour savoir combien de tems elle conserveroit ces restes de vie, & nullement dans l’espérance d’être spectateur de cette merveilleuse reproduction.

J’observois à la loupe, plusieurs fois chaque jour, ces portions de Polype. Le quatriéme Décembre, c’est à dire, le neuviéme jour après avoir coupé le Polype, il me sembla le matin appercevoir sur les bords du bout antérieur de la seconde partie, de celle qui n’avoit ni tête ni bras ; il me sembla, dis-je, appercevoir trois petites pointes qui sortoient de ces bords. Elles me firent fur le champ penser aux cornes qui fervent de pieds & de bras aux Polypes. Ces pointes étoient précisément où auroient dû être les bras, si cette seconde partie avoit été un Polype complet. Je ne voulus pas cependant déja décider, que c’en fût en effet qui commençassent à pousser. Pendant toute la journée j’apperçus toûjours ces pointes : Cela m’animoit extrémement, & j’attendois avec impatience le moment où je saurois clairement ce qu’elles étoient. Enfin le lendemain elles se trouverent assez grandes, pour qu’il n’y eût plus lieu de douter qu’elles ne fussent véritablement des bras qui croissoient à l’extrémité antérieure de cette secon-