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Le Père Patentane

Le Père Patentane lui-même, pourtant musicien, ne semble pas entendre la cacophonie. Quand les chants faiblissent, il les ranime :

— Chan’tez, chan’tez tous. Il faut que tout le monde chan’te. Dieu vous écoute.

Il donne l’exemple, il fait retentir un cantique dont personne n’a entendu les accents jusqu’alors — un cantique à saint Gérard, celui-là, et bien authentique :

« Fier conquérant des Sarrasins… »

Tout rempli de son zèle, il a voulu que la jeune femme du maître d’école, joueuse d’accordéon, accompagnât les chantres ; mais celle-ci, ancienne spouleuse des États-Unis, s’est refusée à ce service, et le bon Père Patentane lui a arraché l’instrument des mains.