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Le Dîner du Curé

Un jour, les Vandaignes ayant fait boucherie pour le marché de Sherbrooke, préparèrent une large part à l’intention du curé.

Pierrot, le gros Yorkshire de la porcherie, avait été sacrifié et gisait maintenant en quartiers sur les planches de la salaison, se troussait en boudins, se tortillait en saucissons, reluisait en « panne, » rougissait en rôtis, et croupissait dans la saumure en « briques » grasses et blanches.

Des canards pékins, égorgés, plumés, grillés, tendaient leurs chairs dodues et leurs graisses dorées aux dents qui les mordaient avant l’heure.

La mère Vandaigne mit dans un panier deux canetons, un filet, du boudin et de la saucisse en coèffe, puis chargea Titref d’aller porter le tout à l’abbé Vaucelin ; elle recommanda surtout de ne pas faire savoir d’où venaient ces choses.