Page:Tremblay - Trouées dans les novales, scènes canadiennes, 1921.djvu/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
228
Trouées dans les Novales

mêlé le filin, qu’il s’était enroulé sur une tête de boulon, et rien ne pouvait plus le détacher.

Bidou surnagea donc, gagna la culée, et s’appuyant à la frêle ficelle, remonta le courant en s’équilibrant sur la poutre, et ce fut l’affaire d’un instant que se hisser sur le tablier.

Bidou fixa un œil froid sur le poisson maintenant immobile, sur les enfants qui riaient de plus belle, et, laissant passer un éclair de férocité superbe dans ses orbites encore embués, rouvrit le collet, prit la carpe à deux mains, et la jeta au-loin dans l’eau glauque :

— Quiens, ma poéson, t’as voulu m’néyer, vas-y toé-tou.

Et il toisa dédaigneusement les rieurs.


(1910)