La nuit avait été terrible. Des goélettes, retenues au large par la bourrasque, s’étaient éventrées sur des banquises. À l’anse, des débris de carènes et de mâtures flottaient au milieu des herpes marines. Des hommes s’étaient noyés.
Vers le jour, le vent glacé ayant dissipé les vapeurs de la côte, on aperçut les galets du platin où le déchalement laissait des cadavres.
Les vieux, Lerner, d’Aytrée, Gosney, avec Pierre, travaillaient sous les ordres de l’octogénaire Le Moyne à la sépulture des naufragés. Sur la falaise, dans les cabanes, les femmes préparaient le déjeuner ou rapiéçaient des filets.
À onze heures les brouillards reparurent, et les hommes durent remonter sans pouvoir continuer leur tâche pieuse.
Un silence lugubre succédait aux sifflements du vent et au fracas des mantures, comme si le dernier assaut de l’Atlantique se fût découragé sur la murail-