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La Mort de Kéké

pandit sur son front placide de bête repue.

Arrivés la veille de Sherbrooke, des canards pékins avaient été installés dans un enclos treillissé, au pied de la côte conduisant à la rivière.

Kéké les voyait follement s’ébattre sur les eaux, gracieusement nager sous les aulnes, et les entendait couacquer à bec-que-veux-tu toute la journée. C’était un plaisir captivant.

Il ne comprenait pas cependant que lui, plus gros, plus fort, et conséquemment mieux doué de la nature, n’eut pas songé à cette joie d’aller vivre ainsi dans la fraîcheur extatique des cours d’eau, ou l’on se laisse avec langueur descendre au gré d’un courant capricieux jusque vers l’inconnu des plaines, perdues dans l’amoncellement bleu des perspectives lointaines. Décidément, sa vie était terre-à-terre. Trop lourd pour suivre les alouettes dans leur vol sacca-