Et il continuait, sans donner chance à l’hôte de placer un pauvre petit mot. Il parla, parla de tout, de rien, mêlant au verbe français des mots de Provence — des mots ? que dis-je ! mais des phrases entières, des citations des poètes, des félibriges, té ! Bonnet de Beaucaire, donc, n’était-il pas un peu son parent ? Et Mistral, félibre du Mas, et Roumanille, félibre des Jardins — vous ne les connaissez pas, monsieur Gagnon ? — et Giéra, Tavan, Poussel, Moquin-Tandon. Roumieux, et l’abbé Cotton, félibre des Crayons, et la félibresse du Caulon, la fille de Martin de Cavaillon, et celui-ci et celle-là, et allez donc ! — toute la flore du Midi parfumait son babil à jet continu.
Bénoni Patentane était parti tout jeune de Beaucaire. Ses études l’avaient conduit sous le château des Papes, en Avignon, où il avait coudoyé Anselme Mathieu. Une fois devenu prêtre du