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Le Père Patentane

Et personne ne répondait. Le visiteur, se promenant de long en large, furetait aux portes et fenêtres, accompagnant de coups de poing dans les panneaux, une romance vieillotte de Gilles Durant, qu’il chantonnait allègrement : Favèn ço que devèn ; et, en effet, il faisait ce qu’il devait faire, il attendait.

La tournure du nouvel arrivant ne permettait en rien de supposer qu’il fût abbé prébendier. Sa soutane usée, verdie, se dentelait de frange. Le livre qu’il gardait sous le bras, un bréviaire sorti sans doute des presses d’Aubanel en Avignon, allumait une tranche rouge vif dont la tonalité fulgurante, par le jeu ironique des complémentaires, amplifiait le verdissement notoire, déjà, de la soutane. Le parapluie lui-même était vert, vert-de-grisé plutôt, et portait la trace ostensible d’orages innombrables, subis au cours d’une vie accidentée.