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La Poule Noire

accoutumé de voir des fées danser, par les soirs de brume. Quatre sentiers étroits se croisaient sur un ilôt de mock durci et couvert de mousse. La mare était cernée par un soulèvement d’argile affleurant à travers la terre noire, et l’on pouvait contourner à pied sec l’étendue conquise par les grenouilles. Partout ailleurs, il y avait des trous de vase, bordés de champignons, de plantes aquatiques, de bois pourri. Des aulnes poussaient en bouquets. Ailleurs, c’étaient des cèdres, des saules, des sapins rabougris. Dans l’air se répandait l’odeur forte du petit thé.

De ce carrefour, Pitro pouvait voir assez bien le firmament. Assis sur une grosse souche d’arsin, il attendit, regardant tourner le Charriot, regrettant maintenant de le voir pivoter, ayant peur de tenter l’aventure épouvantante de Minuit. Mais à la fin, jugeant l’heure arrivée d’après la position des étoiles,