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PIERRE QUI ROULE

Lafrenière, Louis Lavallée, le docteur Archambault, Joseph Boucher, les deux Sylvestre et Alphonse Gaulin.

Ce dernier est devenu très riche grâce à d’heureux placements sur la propriété, ayant acheté à des conditions avantageuses tout le terrain situé le long du canal entre Social et la Hamlet, où l’on allait, dans le temps, cueillir du raisin sauvage. La population de ce quartier est aujourd’hui assez nombreuse pour qu’on y ait recruté la majeure partie des paroissiens de l’une des églises canadiennes de Woonsocket.

M. Gaulin est le père de M. Alphonse Gaulin, — ancien avocat, ancien maire de Woonsocket, nommé consul américain au Havre, puis à Marseille et tout récemment promu consul-général à Rio de Janeiro. Et dire qu’il y a soixante ans, à peu près à l’endroit où il devait naître, les petits Canadiens ne pouvaient passer sans livrer bataille aux gamins de la race prétendue supérieure !

Chez les Canadiens émigrés, la classe instruite, a compris qu’elle avait à remplir un devoir important. Il s’agissait de rappeler aux ouvriers d’origine française, isolés et, découragés par le mépris qu’on affichait à leur égard, que, bien loin d’avoir à rougir de leur titre de Canadiens, ils avaient d’excellentes raisons de s’en enorgueillir. Ecclésiastiques et laïques se sont mis résolument à l’œuvre ; ils ont réussi à organiser chez les nôtres la cohésion qui leur était si nécessaire. Le réveil de la fierté de race a eu pour effet d’augmenter dans des proportions imprévues l’influence des gallophones sur le sol américain.

Cette amélioration a été générale dans tous les endroits où les familles canadiennes commençaient à se grouper. Aujourd’hui, proportion gardée du nombre, l’influence politique et sociale des Canadiens émigrés est plus forte que celle que nous exerçons au