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PIERRE QUI ROULE

RETOUR AUX ÉTATS-UNIS


LES BRIQUETIERS

Au printemps de 1866, lors de l’invasion fénienne, notre cadet s’enrôla dans les Chasseurs Canadiens et fit quelques mois de service militaire à Laprairie, Saint-Jean, Hemmingford, Lacolle et Philipsburg. En 1867, il retourna aux États-Unis. N’ayant pu se procurer du travail à Woonsocket, il alla d’abord travailler à Warren, Rhode Island, puis à Rehoboth et à Boston, où il devint porteur de moules dans une briqueterie.

C’était un rude travail et l’entraînement fut très pénible. Il avait connu les fatigues des marches forcées ; mais avant de pouvoir travailler à son aise, il lui fallait durcir ceux de ses muscles qui avaient jusqu’alors manqué d’exercice. Pendant les premières semaines, il était horriblement courbaturé le soir en se couchant, et surtout le matin, avant l’aube, lorsqu’il se levait pour commencer une journée de travail qui se prolongeait longtemps après le coucher du soleil.

Le procédé de fabrication était encore assez primitif. Dans la région des briqueteries s’étendant depuis Somerville jusqu’à, et y compris, East Cambridge, une seule compagnie commençait à se servir de la presse à vapeur et à mouler des briques avec de l’argile relativement sèche. Une trentaine d’autres briquetiers se partageaient l’exploitation de cette longue suite de champs argileux, aujourd’hui recouverts de maisons habitées par des ouvriers employés à d’autres industries.