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PIERRE QUI ROULE

Prisonnier de guerre pendant près de six mois dans Libby Prison, à Richmond, Virginie. Élargi sur parole et envoyé au Camp Parole, Annapolis, Maryland. Se trouvait là à la fin de la guerre. Incarcéré pour absence sans permission, réussit à s’échapper de la garde qui le reconduisait au Fort Trumbull et retourna à Sainte-Victoire au commencement de juin 1865.

S’étant enrôlé pour cinq ans dans l’armée régulière, il avait encore trois ans à servir sous le drapeau américain. Mais il avait dix-huit ans et il lui tardait d’offrir sa vaillante épée à la patrie de ses ancêtres. Pour cela, il lui aurait fallu se rendre en France, ou tout au moins au Mexique où l’armée française opérait alors sous le commandement de Bazaine, le futur capitulard de Metz. Toutes les tentatives qu’il fit dans ce sens restèrent infructueuses.

En s’enrôlant à Rouse’s Point, Quéquienne avait déclaré franchement qu’il était âgé de 16 ans et quelques mois. Ayant constaté que sa taille atteignait le minimum alors requis dans l’armée régulière, on l’avait inscrit comme étant âgé de 18 ans, et ce n’était pas la seule irrégularité commise par les agents recruteurs. Il s’agissait pour eux d’embaucher le plus grand nombre possible de soldats. La prime qu’ils touchaient pour les recrues de l’armée régulière était probablement supérieure à celle qu’on allouait pour ce qu’on appelait le service des volontaires, ce qui explique pourquoi, sans avoir eu l’occasion ni le désir de faire un choix, Quéquienne se trouva versé dans la brigade des réguliers.

Il paraîtrait que le consentement des parents était de rigueur lorsque la recrue n’avait pas encore atteint l’âge de 18 ans. S’il s’agissait d’un orphelin, le tuteur devait signer l’engagement du soldat encore mineur. Les parents de Quéquienne étaient bien vivants,