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PIERRE QUI ROULE

venté l’indépendance et l’impartialité en fait de journalisme politique ; mais il se réjouit d’avoir été l’un des premiers à semer le bon grain qui lève aujourd’hui et dont l’aspect verdoyant symbolise l’espoir en l’avenir.

Telle est la véridique histoire de Quéquienne Quénoche. Elle aurait pu être plus romanesque. Le nom de Quéquienne est tout ce qu’elle offre de fantaisiste. Je vous livre Quéquienne tel que je l’ai trouvé. Il ne s’est pas battu en duel ; il n’a pas enlevé la femme de son voisin ; il lui manque une foule de choses d’absolue nécessité pour un héros de roman. Tant mieux pour lui. Son existence a peut-être été un peu terre-à-terre, tout en offrant une variété suffisante de scènes inattendues. Si elle eut été scandaleuse je ne vous l’aurais pas racontée.

Des fruits secs lui ont parfois reproché de n’être devenu ni ministre, ni député, ni même membre de ces sociétés savantes qui vous sacrent grand homme et vous dispensent par le fait de tout effort intellectuel. Il a pris leur étonnement pour un éloge, car il sait mieux que personne au prix de quel travail il a réussi à atteindre la modeste position qu’il occupe maintenant.

Les cinq volumes qu’il a publiés ne sont plus en librairie, mais il menace encore le public de trois autres volumes dont la préparation est presque achevée. Une nation ne saurait être exclusivement composée de grands seigneurs et nous souhaitons à la nôtre de compter dans ses rangs un grand nombre de plébéiens qui lui soient aussi sincèrement dévoués que Quéquienne Quénoche.


FIN

Achevé d’écrire le 7 juin 1921.

RÉMI TREMBLAY.