Page:Tremblay - Pierre qui roule, 1923.djvu/224

Cette page a été validée par deux contributeurs.
223
PIERRE QUI ROULE

« Pour la première fois, la guerre actuelle offre aux Franco-Canadiens l’occasion de combattre pour la France avec les troupes anglaises. J’aurais voulu en profiter et, quoi qu’on en dise, je me sens encore assez de force et de vigueur pour faire un excellent service. Si je n’ai pas réussi à m’enrôler, cela n’a pas dépendu de moi.

« Mais vous, les jeunes, dans le cœur desquels l’amour de la patrie — des deux patries, l’ancienne et la nouvelle — est resté aussi vivace que dans mon vieux cœur de soldat, vous qui sentez bouillonner dans vos veines le sang des preux français, rajeuni sur cette terre d’Amérique, profitez de l’occasion qui vous est offerte et dont je suis privé.

« Allez offrir vos bras, vos poitrines, vos cœurs pour la cause du droit, de la justice, de la civilisation, du progrès et de l’humanité. Enrôlez-vous dans l’un des bataillons franco-canadiens en voie de recrutement et, lorsque vous serez par-delà les mers, distribuez pour moi aux tueurs de femmes et d’enfants les grands coups de sabre que j’aurais voulu leur décerner.

« Je vous délègue mes pouvoirs. De par mon antiquité authentique et dûment constatée, je vous autorise à pourchasser, pourfendre, occire, détériorer, turlupiner, vexer, froisser, mécontenter et tarabuster d’une façon générale et quelconque les tudesques suppôts de la Kolossale et kauteleuse kulture bochesque. »

X… »

Après voir écrit ce qui précède, Quéquienne se rendit coupable de deux autres tentatives d’enrôlement dans les armées canadiennes de Sa Majesté. Il écrivit même à un congressman de ses amis, lui rappelant qu’il devait encore quelques années de service militaire à