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PIERRE QUI ROULE

Ils prirent passage à bord du Germania, de la ligne Fabre, pour retourner sur le continent américain, dont ils s’étaient éloignés par l’océan Pacifique et ils revenaient par l’océan Atlantique. Ils firent une première escale à Alméria, Espagne, une autre à Lisbonne, Portugal, une troisième à Ponta Delgada, (îles Açores), et une quatrième à Providence, Rhode Island. Ils débarquèrent à New-York et revinrent à Ottawa, ayant contourné le globe en se dirigeant constamment vers l’ouest.

SÉNILES VELLÉITÉS GUERRIÈRES

Quéquienne aurait bien voulu aller combattre pour la France en 1914, et ce n’est pas sa faute s’il n’a pas pris part à la grande guerre. Voici ce qu’il écrivait à ce sujet dans le Pays Laurentien au commencement d’avril 1916 :

« Les nouvelles de la guerre ont plus d’une fois, je l’avoue, réveillé en moi des instincts bochicides. Je ne m’en vante pas : je m’en plains, et je m’en plains d’autant plus amèrement que ce n’est pas ma faute si, depuis vingt mois, je ne suis pas exclusivement occupé à échanger des torgnoles avec les brigands d’outre-Rhin.

« Officiellement, je suis décrépit, immobilisable, désuet, vétusté et suranné. Sous le vain prétexte que je dépasse d’environ un quart de siècle la limite d’âge fixée par l’autorité militaire, on me prive du plaisir d’aller me faire tuer.

« On ne réfléchit pas que j’aurais pu prendre la place d’un plus jeune et que, dans le total des vies qui doivent être sacrifiées pour la défense du drapeau, ma mort aurait valu autant que celle d’un autre, tandis que, moi, je n’aurais, toujours renoncé qu’à un petit nombre d’années d’existence utile.